Littérature : Cameroun , le monde rural en mutations (XIXe-XXIe siècle)

Une publication dirigée par le Professeur Jules Kouesseu

Dschang,UDs/SIC-30/04/21.Le Directeur de cette ouvrage collectif est Chef de Service des Publications de l’Université de Dschang puis, enseignant au département d’Histoire et Archéologie. L’ouvrage de 666 pages qui a connu la contribution de chercheurs de renom d’origines diverses a fait l’objet d’une note de lecture que nous présente le Pr Théodore NGOUFO.                                       

                 Note de Lecture

Jules Kouosseu (dir), Cameroun. Le monde rural en mutations (XIXe-XXIe siècle), Dschang, Premières Lignes Editions, 2021, 666 pages.

            Aucune production scientifique n’a jamais été de trop, tant il est que les connaissances ne s’épuisent jamais dans un domaine précis. C’est sous cet angle qu’il convient d’apprécier ce chef-d’œuvre commis sous la direction du Pr Jules Kouosseu, Maitre de conférences au Département d’Histoire et Archéologie de l’Université de Dschang, spécialiste d’Histoire économique et sociale. Le présent ouvrage entre donc dans les principaux champs de recherche que son directeur explore depuis plus de deux décennies à savoir : le genre et la société, l’économie et le développement, l’urbanisation et le progrès social, l’agriculture et le décollage de l’Afrique et enfin le monde rural, pour n’évoquer que ces secteurs les plus saillants.

            Pour ce qui est du dernier domaine c’est- à- dire, le monde rural auquel le présent ouvrage a été consacré, il faut dire qu’il y a un intérêt à lui consacrer une activité heuristique majeure comme celle-ci, avec des résultats aussi riches, rassemblés par des contributeurs aussi diversifiés par leur champ disciplinaire. La tradition développementaliste selon laquelle le monde rural demeure le véritable socle de décollage des Etats africains est une fois de plus réaffirmée dans le présent travail, au regard des activités économiques pratiquées dans ce secteur rural, son rôle dans la présentation des valeurs cosmogoniques, mais surtout et en plus, les politiques publiques spécifiques que le gouvernement central lui définit. Cameroun. Le monde rural en mutations (XIXe-XXe siècle), publié sous la direction du Professeur  Jules Kouosseu  par les Premières Lignes Editions à Dschang, est un ouvrage de 666 pages. L’illustration de couverture expose la richesse du monde rural camerounais, d’abord par la richesse de son milieu naturel en termes de relief, dont les formes pittoresques ne laissent pas le visiteur indifférent. On peut également à travers cette illustration se convaincre de la stature du milieu rural comme temple des traditions ancestrales transmises de génération en génération. Bien plus et en fin, l’illustration de couverture présente un monde rural camerounais qui a su s’adapter au contexte socio-économique international des pays en développement, caractérisé par une émergence de l’agriculture maraîchère qui a supplanté ou collabore dans certaines régions avec une agriculture de rente dominée par les cultures d’exportation dont le café observable surtout dans le monde rural de l’ouest Cameroun.

            Par ailleurs, la conviction du lecteur au premier abord découle de ce qu’il a à faire à une œuvre d’envergure au regard du comité scientifique de l’ouvrage, composé d’Universitaires dont la notoriété, la diversité disciplinaire et d’institutions d’attache constituent le creuset. Ces champs disciplinaires comprennent en effet l’Histoire, la Géographie, la Sociologie entre  autres qui sont par essence les disciplines ayant pour terrain d’exploration le monde rural. Le sommaire de l’ouvrage donne un aperçu complet de l’ensemble des   contributions en s’ouvrant par une introduction générale élaborée par le Directeur de l’œuvre ; le Professeur Jules Kouossseu.

Pour la structure complète de l’ouvrage, il convient de dire qu’il s’agit d’un travail axé sur trois parties, dont l’intérêt de chaque partie est de livrer la masse de connaissances à savoir dans chaque domaine de l’évolution du monde rural : culture et société, politique et gouvernance dans le monde rural et la troisième, Economie et développement en milieu rural. Revenant sur la première partie consacrée à la culture, société et adaptations techniques, son ossature comprend 12 chapitres dont l’ensemble présente le rapport cosmogonique, religieux et culturel développé par les habitants du monde rural pour une harmonie avec le milieu naturel qui leur pourvoit les ressources de leur survie. Cette partie liminaire s’ouvre naturellement avec l’article de Célestine Fouellefak Kana, qui traite des « Rites agraires dans les Grassfield camerounais ». Il convient de dire qu’elle plante le décor en reconnaissant que le monde rural est la source de  vie (P10), par sa capacité de mettre à la disposition du rural une variété d’aliments dont les légumes, les tubercules, les céréales, mais aussi de la viande issue de sa faune très riche. A son avis, c’est la raison pour laquelle les peuples ruraux ont initié des rites agraires en reconnaissance de ces bienfaits de la nature qui, ont comme autre objectif,  de demander à « mère nature »  d’être plus généreuse aux prochaines récoltes. C’est le cas du rite Mbah lah dans la chefferie Foto par exemple.

Elle est suivie par Nenkam Chamberlain qui traite du Zoomorphisme dans les chefferies bamiléké de l’ouest-Cameroun pour une meilleure compréhension du rôle de la panthère dans les sources iconographiques égyptiennes. L’auteur montre que la représentation de la panthère comme l’un des animaux mythiques des rois bamiléké relève du totémisme dont les pharaons d’Egypte antique faisaient usage (P.39). il s’agit d’un pan de la culture de ce peuple qui soutient l’idée de leur appartenance à la civilisation égyptienne en l’occurrence, lorsque l’auteur rapproche leur toit conique aux pyramides d’Egypte.

Le troisième article porte la signature de Malabon Darice, article dans lequel elle rend compte du patriarcat et du matriarcat dans la matérialité de l’évolution du système de parenté Nan Kô chez les Yemba. Pour elle, il s’agit d’un rituel qui contribue à perpétuer la supériorité de l’homme sur la femme dans cette société. Elle est suivie par Jié Jié Patrick Romuald, qui a borde au chapitre 4, les mutations socioreligieuses dans le monde rural camerounais. L’auteur estime que l’école, c’est-à-dire l’éducation dans son blason occidental, a contribué au recul de plusieurs pratiques religieuses dans le milieu rural camerounais. Plusieurs jeunes ouverts à l’éducation dénigrent par exemple les sociétés qu’ils qualifient de regroupement des sorciers (P73).

A la suite de cet article, le cinquième qui porte les signatures de Thierry Martin Foutem, Noël Baudelaire Kaze et Yves Feze se concentre sur les pratiques funéraires et mortuaires comme éléments de fédération entre le monde rural  et urbain camerounais. Les auteurs montrent que ces pratiques constituent un véritable cordon ombilical entre ces deux espaces, mais que le monde rural demeure le lieu par excellence de leur célébration (P88). Ils montrent par ailleurs que la mondialisation a entrainé une exportation de ces pratiques en ville, mais dont le contenu ne présente pas les mêmes réalités qu’en campagne, le milieu urbain n’offrant pas tous les attributs d’une célébration réussie de ces pratiques.

Ils sont suivis par le 6e chapitre signé de Léopold Sédar Edong, qui analyse les fonctions des tiem tifass  et des tiems tiléye dans la société traditionnelle Bafia du Mbam central. Pour lui, la naissance des mefass, les jumeaux constituaient par exemple un évènement heureux mais aussi mystérieux à la fois (P.104), d’où la nécessité d’organiser les rites pour la célébration d’un tel mystère dans le milieu rural.

Kwahou Tagheu Jonathan Bienvenu s’est intéressé à l’habitat bamiléké face à l’intrusion coloniale européenne. Il estime qu’il y a eu une adaptation de cet habitat avec les matériaux modernes de construction tels que la tôle et le ciment, qui se sont associés aux bambous et à la natte pour donner une nouvelle image à l’habitat rural bamiléké.

Il est suivi dans ce domaine par Jules Kouosseu et Simo Max Simo qui analysent l’impact de la présence européenne sur l’architecture dans la chefferie Bafut. Ils aboutissent aux mêmes conclusions que Tagheu, en reconnaissant néanmoins que la violence transformatrice de l’architecture importée par les Européens domine (1521). Ils suggèrent une nouvelle éducation à l’école des savoirs architecturaux endogènes traditionnels.

Awounang Sonkeng Francine étudie dans la même veine de ces savoirs et techniques ruraux camerounais « le vêtement en milieu rural camerounais ; mutations et enjeux ». Elle montre que le vêtement y a connu une adaptation en fonction de l’évolution et de son contact avec la modernité (P.1672). Cependant, Certains vêtements à l’instar du Ndop, ont gardé leur valeur, grâce à leur indispensabilité dans les cérémonies traditionnelles.

Dans la même ligne vestimentaire, Kampoer Kampoer analyse les mutations du vestimentaire dans les pratiques rurales de la région kribienne au Cameroun. Il note aussi  l’impact négatif que la mondialisation laisse sur ce pan culturel de ces peuples.

Guedia Dongmo Brelise quant à elle a décrypté l’Education coloniale et les mutations socio-culturelles et économiques dans la Menoua. Elle relève avec pertinence que l’éducation coloniale est à la base de l’émergence des métiers modernes dont l’enseignement, les métiers de la santé (infirmier) qui ont considérablement pendant cette période coloniale, éteint les savoirs locaux dans ces domaines (P.219). Les guérisseurs traditionnels étaient alors traités de charlatans.

 Enfin, dans le 12e et dernier article de cette première partie, Wakeu Martial Aimé analyse le rôle des médias modernes dans la transformation du mode de vie dans les villages camerounais. L’auteur relève effectivement que ces médias dont la radio et la télévision, ont contribué à l’ouverture des ruraux au monde international (P.211). Il relève aussi ce rôle dans la culture générale des ruraux qui ne diffèrent plus foncièrement des urbains.

Comme relevé ci-dessus, la deuxième partie de cet ouvrage est consacrée aux « Territoires du politique et Relations de Pouvoir ».

Elle s’ouvre par l’article de Djiméli Alexandre, qui traite des « communications des masse, Etat et ruralité au Cameroun entre 1880 et 1990 ». L’auteur brosse dans ce papier, la communication qui s’est adaptée à une évolution historique, prenant divers visages sous le protectorat allemand, les mandats et tutelles français et anglais et au-delà, avec la période des indépendances (P.243). Elle montre surtout que le but de cette communication est à chaque fois de permettre au pouvoir politique de contrôler les manifestations politiques d’envergure dans le monde rural.

Le second article de cette partie est de Pountougnigni Boris, qui aborde la relation de dépendance entre le pouvoir traditionnel Bamoun et le commandement colonial français. Il en ressort que, malgré la tension initiale observée entre le roi Njoya qui a fini par être exilé à Yaoundé en 1933, les Français ont réussi à soumettre le royaume Bamoun (P.269). Il s’est donc créé une dépendance du pouvoir bamoun à la France, condition d’un contrôle efficace de la France sur ce territoire.

Kenfack Nanfack Cyril analyse à sa suite, les supplétifs camerounais et le maintien de l’ordre public en milieu rural. En s’appuyant sur la période du maquis 1955-1971 (P.283), il montre que les jeunes recrutés comme supplétifs ont aidé les forces régulières dans les zones rurales, non sans créer les exactions.

Le chapitre 4 de cette série est de Jules Kouosseu et de Lucie Nankeng. Les auteurs analysent le rôle des méthodes socio-anthropologiques dans les stratégies de prévention et résolution des conflits en milieu rural Grassfields.

Wouafo Guifo Samuel traite des parlementaires bamiléké et le développement du monde rural à l’époque coloniale et il découle de ses résultats que ces parlementaires ont réussi à combiner les ressources financières issues des mandatures à une activité agricole intéressante dont la base était le monde rural.

Noumbissié Tchouaké et Ngouaméni Samuel s’intéressent aux élites économiques bamiléké et le pouvoir politique local. Ils aboutissent à la conclusion selon laquelle plusieurs élites économiques résidant en ville font de leur village leur base politique (P.337). Cependant,  c’est sans nier leur tendance à n’utiliser ces ruraux que pour accéder aux fonctions locales (conseillers municipaux ou maires) pour profiter des privilèges sur leurs activités économiques.

Talling Fongang Armel et Mathias Atsatito s’appesantissent sur le pluralisme politique et la participation paysanne à l’ouest-Cameroun. Ils montrent que les choix politiques des ruraux sont déterminés par la structure et le bord politique de l’élite de la région rurale concernée.

Pessetve André Calvin aborde la cooptation des entrepreneurs économiques dans le Département des Bamboutos. Il note avec satisfaction que cette cooptation faite par le RDPC est une stratégie de reconquête politique locale (P.377). Il montre que lorsque le RDPC coopte l’élite, la chaine se poursuit à la base, car l’élite est plus à même de coopter les populations de son village pour le bien de ce parti.

Foutem Thierry Martin, dans le 9e chapitre de cette partie, étudie le rôle des collectivités locales décentralisées dans le monde rural camerounais. Il montre que grâce aux communes rurales, une part importante des politiques publiques locales est accordée au monde rural, à l’effet de promouvoir  l’infrastructure rurale, l’artisanat, le touristique, à travers la décentralisation.

Le chapitre 10 et dernier de cette seconde partie est de Binam Alphonse, et traite de la redynamisation de l’identité rurale par l’action publique locale. Pour lui, les considérations de l’autochtonie dans la décentralisation sont à la fois un atout et un frein pour une identité locale intégrée.      

La troisième et dernière partie de ce chef d’œuvre analyse les « Structurations et les Dynamiques économiques ».

Bâtie sur 14 chapitres, le chapitre liminaire y porte le sceau de Fouelefack Christian. Il traite ici de la brève histoire de la transaction marchande et monétaire au Cameroun avant l’avènement du Franc CFA. Il est important de saluer l’effort que prend l’auteur à présenter un système marchand qui a su structurer l’économie locale avec une prédominance du troc (P.433). L’auteur relève aussi que d’autres types de monnaie dont les cauris y ont existé.

Zo’obo Yannick quant à lui analyse les mutations dans la gestion du patrimoine forestier au sud-Cameroun précolonial. Il parle d’une gestion qui était centrée sur la satisfaction des besoins locaux (P.449). C’est la raison pour laquelle à son avis, la préservation de ce patrimoine forestier   a résisté jusqu’au contact avec une exploration orientée vers  l’exportation (453). Cette dernière est cause de plusieurs maux à la forêt sud-camerounaise actuelle.

Dans le troisième papier, Wangyang Benoit et Kossoumna Natali étudient les mutations agricoles et dynamiques de la commercialisation des calices rouges de l’oseille de Guinée dans l’extrême-Nord-Cameroun. Ces auteurs relèvent qu’il s’agit du résultat d’un commerce de longue distance qui a souvent caractérisé les peuples du septentrion camerounais (469).

A leur suite, Fouelefack Christian et Ngoumbo Sylvie creusent la continuité dans la politique agricole du Cameroun de 1916 à 1991. Les auteurs dénoncent une politique qui n’a pas su se détacher de l’emprunte coloniale (P.481). C’est à leur avis, le résultat de l’échec de l’agriculture à faire décoller le Cameroun (P.482). Car elle demeure extravertie.

Tchékoté hervé, Kaffo Célestin, Guiamegno Daline et Lompa Raïssa étudient quant à eux l’accessibilité par motos dans les exploitations agricoles et le développement à Santchou. Ces auteurs relèvent que le relief de plaine de Santhcou favorise l’accès des motos dans les bastions agricoles (P.502) ce qui raccourcit le temps d’accès au bassin et rallonge le temps consacré aux activités champêtres.

Ngou Djou Jacquette, Dongmo Ngnentidem Herman  et Kaffo Célestin abordent la diversification des modes de communication dans les monts Bamboutos et la réduction des pertes post-récolte dans la chaine d’appauvrissement des villes. Il ressort de leurs analyses que cette diversification favorise l’évacuation rapide, qui profite en l’occurrence aux denrées dites périssables à l’instar des produits maraîchers dont la tomate, le poivron, et le piment.

Meutchieye Felix, Takam Tchente Hubert Noel  et Fogang Fuepe Guillaume Hansel  s’intéressent à l’adaptation des paysans à l’insécurité de l’élevage caprin dans la région de l’ouest-Cameroun. Ils reviennent d’emblée sur les conflits entre  éleveurs et paysans qui sont l’un des éléments structurant la vie en milieu rural (542). Ils proposent des mécanismes de résolution de ce conflit en suggérant l’adoption des législations propres aux rapports entre acteurs.

Dans le 8e chapitre, Zambo Pussel analyse les perceptions du recul social de l’élevage porcin et caprin-ovin divaguant en milieu rural dans la vallée du Ntem-Cameroun. A son avis, ce recul est né de la mondialisation qui y a introduit les techniques modernes d’élevage, orientées vers la ferme.

Kengne Candice aborde de son côté, l’interférence entre le genre, production et commercialisation des objets d’art en milieu rural ouest-camerounais. Elle note que les femmes sont des actrices importantes de cette chaine (582). Par ailleurs, elle relève que la matière première est récoltée par les hommes, à savoir le bambou, la paille ou les lianes.

Machia Désiré traite du sable comme de l’or jaune dans la localité paysanne de Balamba au Cameroun postcolonial. Et montre que cette ressource a contribué par sa commercialisation, à développer l’entrepreneuriat jeune dans cette localité. Il indique qu’elle est aussi facteur de réussite sociale à côté de l’éducation, de l’école.

Dans le même sens, Kouosseu Jules et Kepmeni Albert lui emboîtent le pas en traitant de l’exploitation des granulats et du dualisme rural/urbain à Douala 3e et 5e. Ils indiquent que cette activité est devenue une solution contre le décrochage scolaire (P.6013). Les jeunes qui abandonnent les études tôt y trouvent une voie d’entrepreneuriat qui leur permet une insertion socio-professionnelle plus ou moins réussie.

Tezembong Merline, dans le chapitre 12 de cette section, étudie les dynamiques de l’organisation de l’activité dans l’accélération du milieu rural ouest-camerounais. Elle indique notamment que le recours aux pesticides et herbicides en est la cause (P.629), ce qui contribue au recul de l’agriculture biodégradable.

Tchofo Platini et Nguefack Ulrich étudient la production du manioc face aux enjeux de la sécurité alimentaire. Ils suggèrent le développement des technologies à l’effet de multiplier les produits dérivés de cette culture pour limiter la faim.

Dans le 14e et dernier chapitre de cette section qui clôture en même temps l’ouvrage,  Kouosseu Jules et Kouanou Roméo analysent les infrastructures en rapport avec les activités socio-économiques en milieu rural camerounais post colonial. Ces auteurs aboutissent à la conclusion qu’il faut davantage développer ces infrastructures routières car elles permettent une évacuation rapide de la production rurale vers les marchés urbains (P.653). Ils relèvent que les contacts sociaux entre les ruraux en sont aussi tributaires.

Il découle de la synthèse ci-dessus, de la diversité des champs disciplinaires, des espaces géographiques couverts, que cet ouvrage ouvre de nouvelles perspectives à toutes personnes intéressées par le monde rural camerounais. La profondeur des analyses, références et sources bibliographiques témoignent d’une rigueur scientifique salvatrice dont se sont armés les contributeurs et rassurent sur ces résultats probants. La transdisciplinarité observée en est un autre succès.

Cependant, un certain nombre de limites sont à relever de cet ouvrage dans son ensemble. Il faut d’emblée noter un déséquilibre entre les parties avec 12 chapitres pour les 1ère, 10 pour la seconde et 14 pour la 3e. En outre, il est loisible de relever pour le déplorer, que le terrain de l’ouest-Cameroun avec les Grassfield et la région Bamiléké ont été le terrain d’étude de plusieurs contributeurs, les autres régions du Cameroun n’intervenant qu’accessoirement. Bien plus, l’ouvrage manque une conclusion générale qui était bien attendue du directeur qui a pourtant élaboré une introduction générale.

Enfin on peut remarquer que la présentation des contributeurs est presque étriquée, ne donnant presque pas d’informations sur leurs domaines de recherche en dehors de leurs noms.

Toutefois, en dehors de ces légères insuffisances, il faut saluer cet effort fourni dans ce passage au peigne fin du monde rural camerounais sous la direction du Pr Kouosseu Jules. Il s’agit à la fois d’une source de savoirs sur le monde rural camerounais, d’un outil didactique, que l’on conseille à tout public soucieux de découvrir le Cameroun profond même par des applications locales. L’approche méthodologique avec les archives, l’observation et l’interdisciplinarité des contributeurs en font un travail scientifique réussi.

Félicitations au Directeur de l’édition et à tous les contributeurs pris individuellement