Variations climatiques

« Neige »-t-il à Dschang ?

Dschang, SIC/UDs-21/06/2017. Lundi 19 juin 2017, un phénomène inédit s’est produit à Bafou, une localité située à quelques encablures de la cité universitaire de Dschang. En effet, à la suite de grandes menaces de pluies auxquelles on a assisté dans cette localité, les populations se sont retrouvées avec un givre recouvrant certaines parcelles de leurs terres. Au vu de l’allure neigeuse de ce givre et de son caractère inhabituel, d’aucuns ont immédiatement pensé à de la « neige ». La nouvelle s’est aussitôt répandue un peu partout comme une traînée de poudre, reprise en boucle par les réseaux sociaux. « Neige »-t-il vraiment à Dschang ?

Répondant à la question de savoir s’il neige effectivement à Bafou, le climatologue Maurice Tsalefac, — Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université de Dschang et Chef du Département de Géographie — apporte des éclairages:

Il s’agit d’un phénomène qu’on avait l’habitude de voir dans la région, mais qui est devenu rare, c’est-à-dire qu’en cette saison, il tombe beaucoup de grêles. La grêle c’est ce qui dans le processus de la condensation de la vapeur d’eau atmosphérique donne lieu à de la pluie. Il faut comprendre que l’air s’élève et il se refroidit. Si c’est un air humide qui trouve des particules de poussière en suspension, cet air humide va s’agglomérer autour de ces particules de poussière. Au fur et à mesure qu’elle s’élève, s’il n’y a pas de particules de poussière en suspension, alors cette vapeur d’eau va former des cristaux autour desquels la vapeur d’eau va continuer à s’agglomérer. Si les cristaux acquièrent un poids qui leur permette de tomber et arriver au sol, dans ce cas, on a de la grêle. Si en tombant il se trouve que l’air des basses couches est beaucoup plus chaude, alors ces cristaux vont revenir liquide et on aura plutôt droit à de la pluie. Dans le cas d’espèce, il se trouve que sur le Mont Bamboutos [au pied duquel se trouve Bafou], l’altitude aidant, les basses couches étaient relativement fraîches voire froide. Il ne faut pas oublier que de temps en temps il gèle aussi sur le Mont Bamboutos. Si vous y mettez une bouteille d’eau, vous allez trouver que l’eau est devenue solide. Compte tenu du fait qu’au cours des journées précédentes il y avait eu beaucoup de menaces de pluie, l’ascendance de l’air a donné lieu à des nuages de type cumulo-nimbus : ce sont des nuages cumuliformes au sein desquels le processus pluviogène s’accélère. C’est pour cela qu’en l’absence des particules de poussière, la condensation s’est effectuée autour de l’eau en cristaux. Et au moment de tomber, ces cristaux sont arrivés au sol en quantité tellement abondante que ceux qui ont déjà vu de la neige ont pensé qu’il s’agissait de cela alors que ce n’était que de la grêle. Il est vrai aussi qu’entre la grêle et la neige il n’y a pas beaucoup de distance.

Au lendemain de ce phénomène, on a assisté à une journée très arrosée. S’agit-il d’une suite logique ?

 

Dans un système perturbé, c’est-à-dire que lorsque les mouvements ascendants sont intenses, [on aboutit à ce phénomène], puisque que ce sont ces mouvements qui produisent les pluies : quand l’air se lève, il se refroidit, s’il se refroidit, il passe de l’état vapeur à l’état liquide. Et si le refroidissement continue, il passe de l’état liquide à l’état de cristal–. Avec le contexte de la région, il y a d’abord eu le premier processus, le passage rapide dans un contexte d’ascendance accéléré, il y a eu formation des cristaux de glace en haute altitude qui sont tombés et ont donné lieu à de la grêle. Mais comme la perturbation a continué au courant de la journée, au lieu que les cristaux continuent à tomber, on a plutôt eu droit à des pluies intenses au cours de cette journée du 20 Juin 2017./ LBP