Conférence-UDs 2017, Acte 2

Comment réussir le pari de l’unité dans la diversité au Cameroun ?

Dschang, SIC /UDS -08/02/17. Après la rencontre scientifique du 16 décembre dernier sur l’analyse des nouveaux rapports entre l’Afrique et les USA, la grande Salle des Conférences de l’UDs a encore fait le plein d’œuf ce Mercredi 8 février. Il y avait au menu de ce nouveau dîner intellectuel le thème suivant : « Unité et diversité : regards croisés sur le vivre-ensemble au Cameroun ». Et pour le servir à la communauté universitaire, le panel était constitué de trois grands maîtres de la gastronomie intellectuelle : le Pr. Louis Bertin Amougou, spécialiste des littératures et cultures, le Pr. Alawadi Zelao, spécialiste de la sociologie politique, et le Pr. Emmanuel Nforbi, spécialiste des langues et de la linguistique. Sous la modération du Prof. Fotsing Mangoua, ces trois maîtres ont entretenu pendant près de trois heures un parterre constitué d’enseignants et d’étudiants, avec en première place le recteur Roger Tsafack Nanfosso, sur les obstacles et les modalités du vivre-ensemble au Cameroun.

Pour introduire les panelistes, le Pr. Fotsing est parti du constat d’un contexte global qui s’inscrit dans une sorte de « violence circulaire ». Selon lui, des situations de violence (guerres, terrorisme, pauvreté…) génèrent des frustrations et des exclusions qui à leur tour engendrent des mouvements de migration, de radicalisme ou de rébellion dont résultent à nouveau des situations de violence. Il y a donc une crise du vivre-ensemble à l’échelle mondiale, et l’actualité américaine au sujet des immigrés n’en constitue que l’une des multiples facettes. Selon Robert Fotsing, cette crise du vivre-ensemble avait déjà été prédite par Achille Mbembe il y a longtemps. Celui-ci prescrivait alors au monde à venir une éthique de la rencontre, un partage des singularités, invitant l’humanité à marquer une distinction nette entre « l’universel » et « l’en-commun » ; car « l’universel implique un rapport d’inclusion à quelque chose ou quelque entité déjà constituée alors que l’en-commun a pour trait essentiel la communicabilité et la partageabilité, il présuppose un rapport de co-appartenance entre de multiples singularités. » Ce rappel de l’actualité mondiale fait, le Pr. Fotsing est revenu au contexte national pour faire observer que la crise de la partie anglophone du pays traduit un mal-être dans le vivre-ensemble camerounais qui remet en question le principe de l’unité nationale. Le Cameroun est une mosaïque de langues, de croyances, de cultures et d’ethnies…, rappellera le modérateur avant de formuler le questionnement suivant : comment réussir le pari de l’unité au milieu de cette mosaïque de peuples ? L’unité nationale au Cameroun passe-t-elle par un effacement des différences ou par une harmonisation des singularités ? C’est à travers ce questionnement que le Pr. Fotsing ouvrira le débat aux panelistes. /RA