Université de Dschang/Université de Düsseldorf
Historique d’un projet sur la topographie mémorielle (post)coloniale)
Dschang, UDs/SIC-27/07/18. Dans le cadre du projet intitulé Topographie mémorielle (post)coloniale entre l’Université de Dschang et l’Université de Düsseldorf, une délégation d’étudiants et de chercheurs venue de l’Université de Düsseldorf en Allemagne a séjourné pendant 02 semaines dans la ville de Dschang. C’est dans la suite et le couronnement de leurs activités que s’est tenu ce jeudi 26 juillet 2018 une séance de vernissage au musée des civilisations de Dschang. Lors de cette cérémonie de restitution des résultats de 3 années de recherche menées conjointement par des chercheurs allemands et camerounais, le Pr. Albert Gouaffo, Chef de Département de Langues Etrangères Appliquées et initiateur dudit projet, a déroulé les tenants et les aboutissants de ce projet qui se voulait transdisciplinaire, transuniversitaire, transculturel et transnational. Voici résumé la teneur de son propos : A la suite d’un contrat de protectorat avec des commerçants allemands en 1884, une partie de l’histoire du Cameroun s’est écrite pendant 30 ans en lettres germaniques. Un siècle plus tard, c’est l’amnésie totale tant bien du côté allemand, où la tendance est au déni de ce passé peu glorieux, que du côté camerounais où la colonisation franco-britannique lui fait ombrage malgré le souvenir souvent nostalgique de cette période plutôt mal connue. Une approche transdisciplinaire et transculturelle de cette histoire commune entre l’Allemagne et le Cameroun était donc nécessaire pour combler les déficits observés dans les approches unipolaires. Reconstituer la grande histoire nationale à partir des petites histoires régionales est l’option choisie lorsqu’en 2015 le Pr. Albert Gouaffo entreprends « d’esquisser une histoire coloniale germano-africaine des régions, en collaboration avec les professeurs [allemands] Stefanie Michels et Martin Doll, respectivement historienne et spécialiste des médias de l’Université de Düsseildorf ». Axé sur la topographie mémorielle (post)coloniale entre les grassfields (Cameroun) et la Rhénanie (Allemagne) qui sont des régions similaires par leur fertilité et leur géographie, il s’agissait entre autres de mettre les étudiants Allemands et Camerounais sur une piste de recherche fructueuse entre ces deux régions ; de sensibiliser les publics allemand et camerounais sur les lieux de mémoires coloniaux allemands des grassfields et, enfin, de commette un ouvrage sur une démarche qui permet de lire les métarécits sur les deux espaces nationaux à partir des micro-récits souvent occultés par les premiers alors qu’ils sont tout aussi important dans la reconstitution de l’histoire et la gestion du vivre ensemble. Le projet est rendu aujourd’hui à sa phase finale avec l’exposition des résultats au musée de la ville de Dschang, ce qui s’est aussi fait en 2017 dans le musée de la ville de Düsseldorf ; précédée en 2016 par des enseignements au profit des étudiants de l’Université de Dschang et de l’Université de Düsseldorf. Outre des équipements d’enseignements interactifs dont ont bénéficié les deux universités, le projet a préparé les étudiants de ces deux institutions à des métiers comme celui de médiateur de musée ou celui de chercheur sur la provenance en muséologie. Sur le plan économique, il a permis de répertorier et de référencer par GPS des sites historiques qui, valorisés par les autorités publiques, pourraient nourrir le tourisme camerounais. Sur le plan sociopolitique, il « permet de mieux lire l’histoire des grassfields telle que construite par les explorateurs et fonctionnaires coloniaux allemands afin de revoir le découpage administratif qui s’en est suivi et les problèmes du vivre-ensemble que le Cameroun connait aujourd’hui ». / RD